Titre | Typesetting Mathematics with LaTeX |
Auteur | Herbert Voss |
Langue | Anglais |
Parution | Janvier 2011 |
Éditions | UIT Cambridge |
ISBN | 9781906860257 |
208 pages, 20£ environ |
Cette fiche de lecture est parue dans la Lettre GUTenberg n°38, de juin 2011.
Herbert Voß est un auteur prolifique surtout connu comme actuel développeur de l’extension PStricks. On trouve ainsi dans le catalogue de la nouvelle maison d’édition britannique UIT quatre livres de cet auteur (dont deux ne sont pas encore parus) qui sont les traductions de ses ouvrages en allemand parus chez Lehmanns. Le premier de la série, consacré à la composition des mathématiques avec LaTeX, est une version développée du document Math mode librement disponible sur CTAN.
La quatrième de couverture annonce que ce livre nous apprendra notamment comment composer de belles formules mathématiques et comment utiliser les outils de l’AMS. De fait, le plan de l’ouvrage suit une progression dont la logique semble être la suivante : en fonction des extensions utilisées par mon document, que puis-je faire ? On passe en revue successivement le cas d’un LaTeX « nu », puis augmenté par les extensions de l’AMS. Suivent vingt pages consacrées à des listes de symboles ou constructions accessibles en fonction des extensions utilisées, utile mais qui ne fait pas vraiment le poids par rapport à la liste exhaustive de Scott Pakin. On reprend par un exposé du mode mathématique du moteur TeX qui est utile en ce qu’il permet de mieux comprendre les paramètres disponibles et de visualiser leurs effets. Puis on passe en revue les possibilités offertes par des extensions plus pointues ou spécialisées, pour finir par une discussion des polices utilisables en mode mathématique.
Le point fort de ce livre est sans conteste la quantité d’exemples fournie, avec le code en regard de son résultat. Je m’interroge cependant sur le public visé et la logique suivie : à part dans un environnement de production contraint, où les outils disponibles sont déterminés à l’avance, un jeune auteur se mettant à LaTeX pour mettre en pages un document comportant sa dose de mathématiques se moque éperdument de savoir ce que les différentes versions de LaTeX plus ou moins étendues lui permettent, il attend plutôt des conseils sur les extensions utiles, des pointeurs sur les extensions qui satisfont des besoins particuliers, et des exemples pour se faire une idée. De ce point de vue, ce livre est déroutant : on va attaquer le même genre de problème une fois avec LaTeX tel que distribué, une seconde avec amsmath
, une troisième avec des constructions incroyables dues à l’auteur pour se passer d’amsmath
. Pour ma part, je pense que dans le contexte d’un livre dédié à la composition des mathématiques, ça n’a aucun sens de ne pas conseiller aujourd’hui au lecteur d’utiliser systématiquement amsmath
et mathtool
, puisque ces extensions corrigent un certain nombre de défauts et de manques connus du LaTeX originel. On se doute que ces extensions déplaisent à l’auteur et qu’il préfère coder certaines constructions en utilisant les primitives de TeX, mais dans ce cas son livre devrait exposer et promouvoir ces alternatives au lieu de laisser le lecteur face à un texte incohérent. Le livre de Grätzer (Math into LaTeX) rend de ce point de vue infiniment plus de services à l’auteur scientifique devant utiliser LaTeX pour produire un texte comportant beaucoup de maths.
Pour finir, je suis extrêmement choqué par les manuels autour de TeX qui commencent toujours par des considérations sur la qualité typographique et sont produits aux pires standards de l’édition contemporaine. Par exemple, la maquette est mal conçue (on a des notes marginales dont le texte est tronqué par une impression — laser ? — trop proche du bord perdu ; les exemples occupent des zones de taille variable et finissent aussi parfois dans la marge, voire au-delà), la production est bâclée (référence croisées non résolues, imprimant de joyeux ??, noms de personnes écorchés comme l’étrange « Paket Pichaureau » qui apparaît à l’index).
Thierry Bouche